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Publié le 15 novembre 2016

Chasse de l'orignal dans la réserve faunique des Chics-Chocs

Par André-A. Bellemare

En octobre, les quatre membres du groupe de chasseurs d’orignal dont je fais partie ont été clients, pour la quatrième fois en huit ans, de la réserve faunique gouvernementale des Chic-Chocs, en Haute-Gaspésie, pour y pourchasser le roi des cervidés de nos forêts.

Si la réserve faunique des Chic-Chocs attire tant notre groupe — et bien d’autres provenant de partout au Québec —, c’est que ce territoire est réputé pour le nombre d’orignaux qui y vivent. Notre groupe y avait déjà récolté trois mâles, depuis 2009 inclusivement, avant notre expédition d’octobre. La chance nous sourirait-elle encore en 2016? C’est sûr que nous rêvions d’y récolter un gros gibier durant la présente saison. Cet automne, nous étions un peu moins stressés que durant les années passées : deux d’entre nous — dont moi — avions gagné par tirage des permis spéciaux autorisant l’abattage d’un orignal femelle adulte, ce qui accroît les chances de revenir à la maison avec de la venaison.

Notre groupe est composé, à part moi, de Nicole Gagnon, de l’île d’Orléans, une jeune femme exerçant une profession libérale, puis de son oncle Denis Tremblay, de Québec, propriétaire d’une épicerie située dans le quartier Saint-Sauveur, ainsi que de Stéphane Martin, policier de la Sûreté municipale de Québec. C’est la passion de la chasse qui nous a permis de nous rencontrer et de former ensuite notre groupe.

Chaque année, nous participons au fameux tirage informatisé organisé par la Société des établissements de plein air du Québec (SÉPAQ, une société d’État) dans l’espoir de gagner le droit d’acheter un forfait de chasse dans l’une ou l’autre des réserves fauniques du réseau que cette société gère au nom du gouvernement. Les réserves fauniques de l’Est du Québec nous intéressent spécialement, et elles attirent aussi la majorité des autres chasseurs d’orignal participant au tirage annuel de la SÉPAQ, à cause de la densité importante d’orignaux qu’elles renferment, et à cause aussi du haut taux de succès que les chasseurs y obtiennent assez rapidement.

Un grand dépaysement

Bien sûr, la réserve faunique des Chic-Chocs n’est pas à proximité de la Vieille Capitale : il faut mettre environ huit heures, en comptant les arrêts nécessaires en chemin, pour parcourir les quelque 560 km qui séparent le centre-ville de Québec de la localité gaspésienne de Mont-Saint-Pierre, où est situé le bureau administratif de la SÉPAQ pour la réserve. C’est par Mont-Saint-Pierre ou par Mont-Louis, localité voisine, qu’on peut accéder à la réserve, qui est une mer de hautes montagnes époustouflantes baignant dans d’immenses forêts de conifères d’une superficie de 1130 km². Cette vaste réserve ne renferme que 43 lacs, dont seulement trois grands (Mont-Louis, Madeleine et Sainte-Anne); mais de nombreux ruisseaux et rivières aux eaux cristallines coulent des montagnes et donnent refuge à des salmonidés impressionnants.

Vous avez vraiment manqué quelque chose de merveilleux si vous n’avez jamais circulé sur la route 132 qui fait le tour de la péninsule gaspésienne par le nord, surtout entre Sainte-Anne-des-Monts et Gaspé. Vous serez ébahis par ces montagnes plongeant dans le fleuve Saint-Laurent; au creux des vallées séparant les montagnes, vous verrez apparaître un chapelet de villages typiques habités par des citoyens très accueillants.

Après avoir quitté Québec aux petites heures du dimanche 17 octobre, nous avons déjeuné à Trois-Pistoles, dîné à Mont-Joli, acheté notre nourriture à Sainte-Anne-des-Monts, puis soupé à Mont-Saint-Pierre — au restaurant du motel Au délice, où nous avons dormi — avant d’aller faire le plein d’essence de nos deux camionnettes au dépanneur de Mont-Louis. Le lundi matin, après le déjeuner, nous nous sommes rendus au bureau administratif de la SÉPAQ à Mont-Saint-Pierre, tout près de notre motel, pour nous y enregistrer auprès du directeur général Berchmans Drouin et de son adjointe Madonne Mercier, qui ont pris le temps de nous communiquer tous les conseils et tous les renseignements d’usage.

Il nous restait ensuite quelque 40 km à parcourir, sur le chemin graveleux partant de Mont-Saint-Pierre, pour nous rendre au grand lac de Mont-Louis, et pour nous installer dans le chalet nº 5 de ce site d’hébergement. Nous avons pris le temps de discuter avec Gino Thibault, le gardien du territoire entourant le grand lac de Mont-Louis : il n’a pas été avare de ses conseils ni de ses secrets. Sur une carte géographique de la grande zone de chasse réservée à notre groupe, Gino nous a pointé les endroits qui, selon lui, seraient les plus propices à la rencontre d’orignaux, nous évitant ainsi de perdre du temps précieux à rechercher ailleurs des indices de la présence des grands cervidés.

Pas de temps à perdre!

Après l’installation dans le confortable chalet qui nous était alloué pour notre séjour d’une durée de cinq jours, nous avons ingurgité rapidement un lunch, sur le coup du midi, avant de nous lancer tout aussi rapidement à la redécouverte de la zone de chasse que nous avions déjà fréquentée durant un précédent séjour de chasse.

Divisés en deux couples, notre groupe a utilisé les deux camionnettes pour couvrir le maximum de terrain. Pour éviter de commettre un double abattage d’orignaux, chaque chasseur utilisait un walkie-talkie, afin de communiquer rapidement avec les trois autres membres du groupe. Nous avons constaté que les chemins à flanc de montagne étaient carrossables; nous n’avons pas été obligés d’enclencher les quatre roues motrices de nos véhicules. Et nous avons aussi constaté que le gardien Gino Thibault nous avait bien renseignés à propos des endroits où passaient les orignaux : des pistes fraîches paraissaient en plusieurs de ces points-là.

À l’aide de lunettes d’approche, nous scrutions les «bûchés» pour y déceler les orignaux s’y nourrissant de bourgeons d’arbustes. C’est ainsi que Stéphane Martin en a aperçu un détalant à l’approche de ca camionnette, pendant que Denis Tremblay et moi en avons aperçu deux disparaissant vitement parmi les «p’tits saint-michel» alors que nous avancions en véhicule sur un chemin secondaire. Pas mal, n’est-ce pas, pour les premières heures de notre première journée de chasse?

À la fin de l’après-midi…

Vers la fin de l’après-midi, une vingtaine de minutes avant que le soleil ne se couche, Denis Tremblay et moi décidons de faire demi-tour pour aller récupérer Nicole Gagnon qui, postée dans un mirador, surveillait une saline créée dans une clairière située à flanc de montagne. C’est au moment précis où le véhicule de Denis terminait son tour à 180 degrés que j’ai aperçu une belle femelle orignal et un jeune mâle immobiles sur le bord du chemin, à environ 75 mètres de la courbe.

Ai-je besoin de vous préciser que j’ai sauté aussitôt de la camionnette sur le sol, tenant ma carabine d’une main et cherchant de l’autre le magasin de munitions dans une poche de mon dossard? En moins de temps qu’il ne faut pour le dire, j’ai attaché le magasin à ma carabine puis j’ai actionné le verrou de l’arme pour faire monter une balle dans la chambre, cela tout en portant la crosse de la carabine à ma joue pour mettre le réticule de ma lunette de visée sur le cou de la belle femelle, et faire feu.

La femelle ne bougea pas, comme si elle avait été hypnotisée… Je décidai de faire feu une seconde fois, en visant derrière la patte avant de la femelle pour atteindre ses organes vitaux. Cette fois-ci, j’étais sûr que je l’avais atteinte… mais la femelle avança pourtant très lentement vers la forêt bordant le chemin, pour y disparaître.

Un phénomène bien bizarre

Survint alors un phénomène bien bizarre. Le jeune «buck» âgé d’environ deux ans et demi qui accompagnait la femelle fonça rageusement vers Denis Tremblay, qui était descendu de la camionnette du côté du chauffeur, et qui actionnait le mécanisme de sa carabine. Le jeune mâle avait les oreilles couchées sur le cou, tandis que les poils de son dos étaient hérissés. Denis a alors couru vers l’arrière du véhicule pour s’y dissimuler : l’orignal mâle freina alors sa course à environ une dizaine de mètres de nous. Le «buck» a tourné les sabots lentement, et Denis a quitté sa cachette pour revenir vers l’avant de la camionnette afin d’y grimper et de s’asseoir dans son siège de conducteur pour se mettre à l’abri. Mal lui en prit : le jeune orignal mâle fonça de nouveau en direction de Tremblay, les oreilles toujours couchées vers l’arrière et les poils du dos encore hérissés! Le mâle s’arrêta net à environ sept ou huit mètres de nous, cette fois-là, alors que je criais à tue-tête pour le faire fuir. Ce qu’il décida enfin de faire. De toute ma vie de chasseur, je n’ai jamais assisté à pareil manège d’un orignal, et mon compagnon en a eu la chair de poule.

Utilisant mon walkie-talkie, j’ai demandé à Stéphane Martin de retrouver Nicole Gagnon, puis de venir nous joindre pour chercher en forêt la femelle sur laquelle j’avais fait feu. Cette recherche ne s’annonçait pas pour être une partie de plaisir : il faisait de plus en plus sombre, la pluie commençait à tomber et le vent se levait… Nous avons immédiatement commencé nos recherches. Coup de chance inouï : nous l’avons trouvée en quelques secondes à une quinzaine de mètres du chemin! Ouf…

À l’aide de poulies et de câbles attachés à nos véhicules, nous avons sorti le gros gibier sur le bord du chemin pour l’éviscérer et déposer la carcasse dans notre remorque que nous sommes allés chercher à notre chalet. Pendant tout ce temps-là nous pouvions apercevoir les reflets de couleur vert chartreuse que projetaient les phares de nos véhicules… dans les yeux du jeune «buck», qui était revenu rôder tout près de nous! J’ai comme l’impression qu’il nous en voulait gros de l’avoir privé de cette femelle qu’il s’apprêtait sans doute à accoupler…

Les coups de feu avaient bien porté

Le gardien Gino Thibault nous a été d’un grand secours pour palanquer la carcasse de l’orignal à un imposant chevalet situé près de son chalet. Nous avons constaté que la première balle de ma carabine de calibre .280 Remington (ou 7mm Express) avait traversé complètement le cou de la femelle sans lui casser la colonne vertébrale, ce qui l’avait comme paralysée; le second projectile avait aussi traversé de bord en bord le coffre de l’animal en perforant des organes vitaux.

Nous étions tous heureux de cette récolte, survenue après environ trois heures de chasse de notre première journée de séjour. Même si cette femelle n’était pas gigantesque, sa récolte nous satisfaisait sachant que le mauvais temps s’installait pour quelques jours en Haute-Gaspésie. Notre sommeil a été très réparateur durant la nuit du lundi au mardi, surtout que la pluie pianotant sur le toit du chalet agissait comme une berceuse à nos oreilles. Puis, le mardi matin, grasse matinée, déjeuner copieux et départ tardif en camionnette pour faire un safari-photo dans les différents recoins de notre zone de chasse.

Pour en savoir plus

Les chalets dus site d’hébergement du lac de Mont-Louis ont été rénovés : l’éclairage est maintenant à l’électricité grâce à ‘installation de panneaux photovoltaïques — dits «panneaux solaires» — qui alimentent également le chauffe-eau; le chauffage est au bois, tandis que la cuisinière et le réfrigérateur fonctionnent au propane. Tout l’équipement nécessaire pour la préparation et le service de vos propres repas (vaisselle et verrerie, ustensiles, chaudrons et poêlons) est déjà sur place; vous apportez votre nourriture et votre literie, ainsi que vos armes et bagages.

Pour obtenir plus de renseignements sur l’hébergement, la chasse, la pêche et les autres activités que vous pouvez pratiquer dans la réserve faunique des Chic-Chocs, joignez le directeur général Berchmans Drouin ou son adjointe administrative Madone Mercier : 116, rue Prudent-Cloutier, Mont-Saint-Pierre, QC G0E 1V0; tél. : 1 418 797-5214; courriel : chicchocs@sepaq.com Vous pouvez aussi communiquer avec le Service des ventes et des réservations de la SÉPAQ : 1 800 665-6527 (sept jours sur sept, de 9h à 19h); sur demande, on vous enverra des dépliants, brochures et cartes. Consultez aussi le site web de la Sepaq.

À Trois-Rivières, ils ont des mouches dans la tête!

N’oubliez pas que plus grand salon francophone de pêche à la mouche d’Amérique du Nord aura lieu en Mauricie, pour la quatrième année de suite, dans la Bâtisse industrielle de Trois-Rivières, les samedi 26 et dimanche 27 novembre. Cet événement est organisé par la Société mauricienne des pêcheurs à la mouche (SMPM) vouée à la promotion de la pêche à la mouche et du montage de mouches. Le coût d’entrée est de 5 $ pour les adultes, et gratuit pour les moins de 18 ans.

Pour savoir absolument tout au sujet de cet événement unique, je vous recommande de consulter attentivement le site web suivant :
http://www.smpm.org/

À propos de André-A. Bellemare Chroniqueur de chasse et pêche depuis 40 ans.

André-A. Bellemare participe à Latulippe.com depuis 1996. À ce jour, il a rédigé plus de 400 chroniques pour Latulippe.com Bien informé sur l'actualité du plein air au Québec, il vous offre sa science, son expérience, son vécu et ses opinions.

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Les opinions exprimées dans nos chroniques n’engagent que les auteurs des textes et ne représentent pas nécessairement celles de Magasin Latulippe. Bonne lecture.

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